Acouphènes et pratique sportive – Quels liens ?

Auteur de l’article : Aurélien Cadix

Cette étude a été menée et réalisée en partenariat avec le Dr. Vincent Loche du CHU de Lille.

La relation entre l’activité physique et les acouphènes reste complexe et contradictoire, certains patients rapportant une aggravation de leurs symptômes après le sport, tandis que d’autres observent une amélioration. Cette petite étude vise à explorer ces dynamiques en considérant les différents impacts du sport sur les acouphènes.

Nous avons analysé une base de données fournie et établie par le Dr. Loche ces dernières années, regroupant divers paramètres cliniques de patients atteints d’acouphènes.

Les patients ont été classés en trois groupes selon la variation de leurs symptômes après la pratique sportive :

1. Augmentation des acouphènes après le sport (n=276).

2. Diminution des acouphènes après le sport (n=123).

3. Pas de variation notable des acouphènes après le sport (n=1665).

Pour approfondir l’analyse, chaque groupe a été subdivisé en fonction de la durée hebdomadaire de sport pratiqué : plus ou moins de 30 minutes par semaine. Des tests statistiques (test de Mann-Whitney) ont été effectués pour comparer les sous-groupes sur divers paramètres symptomatiques.

Augmentation des Acouphènes après le sport :

Les analyses ont révélé des différences significatives entre les sous-groupes pour plusieurs paramètres symptomatiques.

Chez les patients qui déclaraient une aggravation de leurs acouphènes après le sport, ceux pratiquant plus de 30 minutes de sport par semaine ressentaient moins de fatigue (p<0.05 ; d= -0.3), de vertiges (p<0.05 ; d= -0.3), avaient une meilleure qualité de sommeil (p<0.05 ; d= -0.34) et une durée d’endormissement réduite (p<0.001 ; d= -0.46). Ils présentaient également des symptômes de dépression moins prononcés (p<0.001 ; d= -0.48) et une intensité perçue des acouphènes réduite (p<.0001 ; d= -0.51).

Diminution des Acouphènes après le sport :

Pour les patients rapportant une diminution des acouphènes après le sport, les analyses ont montré une réduction significative de la gêne causée par les acouphènes (p<0.05 ; d= -0.49), des symptômes de dépression (p<0.001 ; d= -0.75) et de l’intensité perçue des acouphènes chez ceux pratiquant plus de 30 minutes de sport par semaine (p<0.05 ; d= -0.49).

Aucune variation des Acouphènes après le sport :

Dans le groupe ne constatant aucune variation notable des acouphènes après le sport, de nombreuses différences significatives ont été observés mais avec une faible taille d’effet.

Il a été notamment été constaté, que les patients plus actifs ressentaient moins de fatigue (p<0.05 ; d= -0.15), amélioraient leur qualité de sommeil (p<0.05 ; d= -0.12) et réduisaient leurs douleurs cervicales (p<0.05 ; d= -0.1). Ils présentaient également une meilleure tolérance aux acouphènes (p<0.001 ; d= -0.27), une diminution de la durée nécessaire pour s’endormir (p<0.05 ; d= -0.15), et une réduction des niveaux d’anxiété et de dépression (respectivement : p<0.001 ; d= -0.28 et p<0.001 ; d= -0.44).

Relation entre quantité de sport et gravité des Acouphènes

Nous avons également exploré la relation entre la quantité de sport pratiqué chaque semaine et certains facteurs associés à la gravité des acouphènes chez les patients.

Pour ce faire, nous avons effectué un test de corrélation (test de Spearman) entre le nombre d’heures de sport pratiquées par semaine et divers paramètres liés à la gravité des acouphènes, et ce, pour chacun des trois groupes principaux.

Des résultats significatifs ont été obtenus entre le nombre d’heures de sport pratiqué et l’intensité des acouphènes perçue (p-value = 0.008), ainsi qu’entre le nombre d’heures de sport et les symptômes de dépression (p-value = 0.0008) pour les patients qui déclaraient une augmentation de leurs acouphènes après la pratique sportive. Des observations similaires ont été faites pour les autres sous-groupes.

Conclusion :

Les résultats montrent que, indépendamment de l’effet immédiat de l’activité physique sur les acouphènes, la pratique régulière du sport est associée à des améliorations significatives sur divers paramètres symptomatiques.

Bien que, certains patients rapportent une augmentation immédiate des symptômes après l’exercice, les bienfaits globaux du sport, tels que l’amélioration du sommeil, la réduction de l’anxiété et l’augmentation du bien-être général, peuvent à terme, aider dans la gestion quotidienne des personnes atteintes d’acouphènes.

Ces observations seront utiles pour informer les patients et les professionnels de santé sur les bénéfices potentiels du sport pour les personnes souffrant d’acouphènes, et pour orienter les recommandations cliniques en faveur de l’activité physique comme une composante intégrale de la gestion des acouphènes.